Plein d’HAC’tions… pour aller dans nos quartiers !

Les 5 à 6 recrutements vont suivre courant octobre 2021, pour installer ce nouveau projet dans le paysage havrais… mais aussi sur toute la géographie du contrat de ville  (Plus de 56.000 habitants).

Nous sommes allés à la rencontre de l’équipe-projet d’HAC’tions Rugby.

Olivier, co-Président du HAC Rugby : « L’idée générale était de faire de notre institution, une fois et demie centenaire en 2022, un véritable club citoyen, en prise directe avec son territoire et ceux de ses habitants pour lesquels le rugby peut apporter probablement encore plus. Et pour cela, il suffit de réunir dans une pièce des personnes d’horizons fort différents, pour qu’il en sorte quelque chose d’étonnant. »

L’accueil est détendu. Cela commence par un « Honneur aux anciens ! », lancé à la cantonade. Un des autres membres de l’équipe-projet, plein de malices, enchaine de suite : « Surtout depuis qu’ils nous ont avoué que leur investissement passé dans le foot, était une erreur de jeunesse ! ». Le rugby, c’est aussi l’art de chambrer.

C’est d’abord à Yvon T. de reprendre la blague au bond : « HAC’tions, et çà parlera justement aux plus anciens, me rappelle un peu HAC mon parrain ! Et quand on me propose un bain de jouvence, je ne dis jamais non… ah, ah, ah ! ». Avec Yvon T. (même si il tient à rester modeste), le projet peut profiter d’un carnet d’adresses d’entreprises, fourni. Le plan de financement est ambitieux : 50% au moins de fonds privés, en se rapprochant du même modèle économique que le reste des activités du club.

Pour les autres 50%, il s’agit d’aller chercher des financements publics, en se lançant un défi : normalement, l’Etat, la Fédération Française de Rugby, la Région… mais aussi le Département et même les 4 communes concernées, sont invités au tour de table. Pour Mathias, le responsable de la Commission Sports au sein du club : « Le 2ème tour de force, serait qu’en cas de succès, fort de l’exemple donné par ce grand tour de table public, on arrive à convaincre d’autres entreprises de financer la quasi-intégralité des développements à venir, sur HAC’tions. »

Au tour de Noël M., jeune retraité qui a fait sa toute sa carrière dans la formation, de prendre la parole : « Pour les forces vives du projet, on a tout naturellement pensé à de l’alternance… pour faire d’une pierre deux coups… puisque 5 des 6 personnes que nous sommes en train de recruter, seront des apprentis BPJEPS. » « L’apprentissage dans le Sport est quelque chose d’assez nouveau et c’est ce qui nous a motivé à venir nous installer récemment au Havre, pour offrir une formation avec un format et un calendrier pensé pour coller aux besoins de l’employeur. Et le HAC Rugby l’a très bien compris. », rappelle Cyrille P., un des responsables de Profession Sports et Loisirs 76, avec qui le HAC Rugby est en partenariat.

Mais de quoi s’agit-il, au juste ?

Se servir du rugby, avec une structure gonflable et une enceinte Bluetooth semi-professionnelle pour, en pied d’immeubles, créer autour de nous et de manière voyante et bruyante, une sorte de marché itinérant de l’insertion professionnelle, « à ciel ouvert »… en conviant à nous rejoindre acteurs publics, institutionnels, organismes de formation, entreprises… sans formalisme particulier, en toute simplicité, sans « chichi »… dans l’esprit Rugby ! Et à peut-être le plus malicieux, de rajouter : « Mais vous savez, les choses les plus simples, sont souvent celles les plus compliquées à mettre en œuvre… mais aussi celles qui obtiennent le plus de résultats. »

Et comment est née une telle idée ? 

Imaginez donc un sport dont une partie des publics susceptibles de venir jouer, penserait « C’est pas pour nous ! ». Casser les codes, son image de sport élitiste, un peu fermé… voici la motivation première de ceux qui portent ce projet. Et le club est persuadé de ne pas être le seul dans ce cas : organismes de formations (techniques, notamment), service public de l’emploi, entreprises,… doivent aussi changer de pratiques vis-à-vis de leurs publics. « Et d’ailleurs plusieurs entreprises, intéressées pour nous rejoindre via leur politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), comme le groupe VINCI Construction, tiennent à nous accompagner dans les quartiers », précise Olivier, le co-président.

Quel est le bénéfice attendu pour le Sport ?

Au niveau du rugby d’abord… où les clubs vont encore plus se rapprocher, avec HAC’tions. « Nos clubs n’ont jamais été aussi complémentaires : Le Havre Rugby Club, par exemple, s’est davantage positionné sur le Sport-santé et le Sport pour tous, avec sa nouvelle section de Rugby à 5… mais il y a aussi notre section féminine », nous confirme Bertrand L., du HRC (également membre de l’équipe-projet).

Mais HAC’tions concerne aussi, plus généralement, tous les autres sports, sans exclusive. Un des jeunes alternants devrait d’ailleurs être une gymnaste.

A l’aube où tous les sports fédéraux, en France, ont perdu pendant la crise, en moyenne, plus de 30% de leurs effectifs (moins de 10% au HAC), le HAC Rugby fait son propre constat, en toute transparence : le nombre de ses licenciés qui habitent les quartiers atteignent péniblement 5% là où le poids des populations proches, induirait plutôt une représentation de 25 à 30% minimum.

Il en est probablement de même dans beaucoup d’autres disciplines. Le choix d’une formation généraliste (« Activités Physique pour Tous » ou « Activités de la Forme »), s’est vite imposé, pour une raison simple : l’objectif est de disposer demain d’éducateurs sportifs, avec une base de formation solide, interdisciplinaire… et qui on l’espère, pourront se retrouver salariés, en temps plein partagé, entre plusieurs clubs ou aux côtés d’autres employeurs privés ou publics.

A quand la 1ère animation dans nos quartiers ?

La parole est à l’adulte-relais (une embauche aidée par l’Etat), Marwan E., qui a été recruté sur le projet : « Nos apprentis devront d’abord bien rentrer dans la formation, se roder à ce type d’animations, prendre en main la structure gonflable,… avant de de réaliser, fin 2021 voire début 2022, les premières animations, vraisemblablement en commençant par Harfleur, Montivilliers et Gonfreville-L’Orcher. » Et confronté au risque d’annulation météo même de dernière minute, Marwan tient par avance à s’excuser auprès des partenaires, des publics… les plus impatients. Et de rajouter : « M’occuper d’HAC’tions est mon 1er vrai poste à temps plein, qui corresponde à mes aspirations. »

Quant à Samy T., le manager général du club, à plus de 30 ans également, incarne bien la philosophie du projet : « Je suis issu du quartier de Bléville. J’ai tout de suite adhéré au HRC et très vite j’ai su que je voulais travailler dans le Sport. Et même avec mon BPJEPS en poche, cela a d’abord été compliqué d’en vivre. »

Manifestement le rugby n’est pas qu’un sport d’équipe sur le terrain ! Mais en-dehors, aussi…

Denis FLEURANCE, dirigeant